«Ce livre est dédié à mes enfants: Amassia, Varanda, Vayk et Yeprad et à d’autres qui, comme eux, ne cessent jamais de croire et nous donner de l’espoir».
Raffi Niziblian
C’était la veille du Nouvel An. Chouchanik refusait de s’endormir sans avoir d’abord entendu un conte.
Les adultes avaient beau lui demander de s’en passer ce jour–là, Chouchanik restait intransigeante. Elle serra sa grand–mère Chouchan dans ses bras, l’embrassa tendrement et lui demanda à voix basse de ne pas la laisser sans conte. Touchée par cette demande de Chouchanik, la grand–mère y accèda. Chouchanik se mit au lit, prête à écouter.
La grand–mère avait déjà raconté à Chouchanik l’histoire de l’arche de Noé, de l’inondation et de l’Ararat. Chouchanik savait aussi que l’ancêtre des Arméniens était Japhet, fils de Noé.
Et que Haïk l’Archer, d’après qui notre pays était appelé «Terre de Haïk» était l’un de ses descendants. Cette fois–ci Chouchanik s’intéressait à savoir comment le Nouvel An se fêtait dans l’Arménie ancienne. La grand–mère fit d’abord remarquer que les Arméniens appelaient le Nouvel An «Amanor», puis raconta l’histoire de Gaghant – issu de la tribu de Haïk et désigné gardien du temps par ce dernier.
Gaghant notait dans un gros parchemin tous les anniversaires ainsi que les grandes et petites fêtes, y compris l’Amanor.
Gaghant qu’on appela plus tard Gaghant Bab, rappelait non seulement aux Arméniens l’arrivée du Nouvel An, mais organisait aussi toutes les festivités. Tout en racontant l’histoire, la grand–mère s’approcha du canapé en bois, retira une boîte recouverte de motifs colorés, en sortit un petit sac de toile, l’ouvrit et avant de le retourner, éteignit la lumière de la chambre. Une pierre brillante tomba dans sa paume. La chambre à coucher fut envoloppé d’une lumière si claire que Chouchanik, fort étonnée, retint sa respiration. La lumière était couleur de lait avec des rayons bleus.