Читать онлайн
La San-Felice, Tome 05

Нет отзывов
Alexandre Dumas
La San-Felice, Tome 05

LXXVI
OÙ MICHELE SE FACHE SÉRIEUSEMENT AVEC LE BECCAÏO

Les illustres fugitifs n'étaient pas les seuls qui, dans cette nuit terrible, eussent eu à lutter contre le vent et la mer.

A deux heures et demie, selon sa coutume, le chevalier San-Felice était rentré chez lui, et, avec une agitation en dehors de toutes ses habitudes, avait deux fois appelé:

–Luisa! Luisa!

Luisa s'était élancée dans le corridor; car, au son de la voix de son mari, elle avait compris qu'il se passait quelque chose d'extraordinaire: elle en fut convaincue en le voyant.

En effet, le chevalier était fort pâle.

Des fenêtres de la bibliothèque, il avait vu ce qui s'était passé dans la rue San-Carlo, c'est-à-dire la mutilation du malheureux Ferrari. Comme le chevalier était, sous sa douce apparence, extrêmement brave et surtout de cette bravoure que donne aux grands coeurs un profond sentiment d'humanité, son premier mouvement avait été de descendre et de courir au secours du courrier, qu'il avait parfaitement reconnu pour celui du roi; mais, à la porte de la bibliothèque, il avait été arrêté par le prince royal, qui, de sa voix câline et froide, lui avait demandé:

–Où allez-vous, San-Felice?

–Où je vais? où je vais? avait répondu San-Felice. Votre Altesse ne sait donc pas ce qui se passe?

–Si fait, on égorge un homme. Mais est-ce chose si rare qu'un homme égorgé dans les rues de Naples, pour que vous vous en préoccupiez à ce point?

–Mais celui qu'on égorge est un serviteur du roi.