Monsoreau marchait de surprise en surprise: le mur de Méridor rencontré comme par enchantement, ce cheval caressant le cheval qui l'avait amené, comme s'il eût été de sa plus intime connaissance, il y avait certes là de quoi faire réfléchir les moins soupçonneux. En s'approchant, et l'on devine si M. de Monsoreau s'approcha vivement; en s'approchant, il remarqua la dégradation du mur à cet endroit; c'était une véritable échelle, qui menaçait de devenir une brèche; les pieds semblaient s'être creusé des échelons dans la pierre, et les ronces, arrachées fraîchement, pendaient à leurs branches meurtries.
Le comte embrassa tout l'ensemble d'un coup d'oeil, puis, de l'ensemble, il passa aux détails.
Le cheval méritait le premier rang, il l'obtint.
L'indiscret animal portait une selle garnie d'une housse brodée d'argent. Dans un des coins était un double F, entrelaçant un double A.
C'était, à n'en pas douter, un cheval des écuries du prince, puisque le chiffre faisait: François d'Anjou.
Les soupçons du comte, à cette vue, devinrent de véritables alarmes. Le duc était donc venu de ce côté; il y venait donc souvent, puisque, outre le cheval attaché, il y en avait un second qui savait le chemin.
Monsoreau conclut, puisque le hasard l'avait mis sur cette piste, qu'il fallait suivre cette piste jusqu'au bout.
C'était d'abord dans ses habitudes de grand veneur et de mari jaloux.
Mais, tant qu'il resterait de ce côté du mur, il était évident qu'il ne verrait rien.