En arrivant à bord nous trouvâmes le pilote assis, selon son habitude, au gouvernail, quoique le bâtiment fût à l'ancre, et que par conséquent il n'eût rien à faire à cette place. Au bruit que nous fîmes en remontant à bord, il éleva sa tête au-dessus de la cabine et fit signe au capitaine qu'il avait quelque chose à lui dire. Le capitaine, qui partageait la déférence que chacun avait pour Nunzio, passa aussitôt à l'arrière. La conférence dura dix minutes à peu près; pendant ce temps les matelots de leur côté s'étaient entre eux et formaient un groupe qui paraissait assez préoccupé; nous crûmes qu'il était question de l'aventure de Scylla, et nous ne fîmes pas autrement attention à ces symptômes d'inquiétude.
Au bout de ces dix minutes le capitaine reparut et vint droit à nous.
— Est-ce que leurs excellences tiennent toujours à partir demain? nous demandat-il.
— Mais, oui, si la chose est possible, répondis-je.
— C'est que le vieux dit que le temps va changer, et que nous aurons le vent contraire pour sortir du détroit.
— Diable! fis-je, est-ce qu'il en est bien sûr?
— Oh! dit Pietro, qui s'était approché de nous avec tout l'équipage, si le vieux l'a dit, dame! c'est l'Évangile. L'a-t-il dit, capitaine?
— Il l'a dit, répondit gravement celui auquel la question était adressée.
— Ah! nous avions bien va qu'il y avait quelque chose sous jeu; il avait la mine toute gendarmée: n'est-ce pas, les autres?